1 avr. 2018

SOIREE CINE - CLUB A LA LANTERNE

Ce samedi 31 mars, pour la troisième année, une projection avec le ciné-club a eu lieu au pôle culturel LA LANTERNE à Rambouillet.
Environ 90 personnes ont assisté à la projection du film argentin "CITOYEN D'HONNEUR"

Avant la séance, un pot d'accueil à l'espagnole avec sangria et tapas préparées par les adhérents du jumelage a été offert aux spectateurs.






 

Critique lors de la sortie en salle le 11/03/2017

Par Jacques Morice
La gloire l'aurait-elle coupé du monde ? Romancier, Daniel Mantovani vit seul dans une immense villa bunkerisée, non loin d'une grande ville d'Espagne. Devenu riche, il a reçu tous les honneurs, dont le prix Nobel de littérature. Une cérémonie au cours de laquelle il a jeté un froid, avouant être à la fois flatté et consterné, cette récompense prouvant qu'il était devenu un écrivain aimable et académique. Volontiers sardonique, l'homme est maintenant cocooné par une collaboratrice qui organise son agenda. Parmi les multiples sollicitations venues du monde entier, l'une des rares qu'il accepte d'honorer vient de Salas. Une bourgade d'Argentine, où il a grandi, sur laquelle il a écrit, mais où il n'est jamais revenu ­depuis quarante ans...
Dès l'aéroport de Buenos Aires, le décalage joue à plein. En guise de comité d'accueil, Mantovani a droit à un plouc lourdaud, fruste ou débile, on ne sait trop, qui l'embarque dans une vieille bagnole pourrie pour un long voyage, ponctué par une crevaison qui les oblige à passer la nuit en rase campagne. Avant-goût grotesque de ce qui l'attend. Une fois sur place, le maire, très fier de sa venue, insiste pour qu'il parade dans les rues sur un camion de... pompiers ! Un peu gêné, Mantovani objecte qu'il n'est pas « une star du foot », mais bon, qu'à cela ne tienne... Au début, les gens sont chaleureux mais tout se gâte peu à peu. Très loin du voyage doux, peut-être nostalgique, annoncé, le séjour vire au cauchemar...
Sur fond de différences culturelles, de rancoeur sociale et sentimentale, la réussite de cette satire, cruelle mais tendre, tient au mélange de générosité et de lâcheté du héros. Pas sympathique, vaniteux mais aussi fatigué de l'être, il s'expose à la fragilité de sa condition. Que poursuit-on, que fuit-on quand on est romancier ? Pour qui écrit-on ? A partir de quand la reconnaissance devient compromission ? Autant de questions qui, visiblement, obsèdent le duo de réalisateurs argentins qui avait déjà oeuvré sur l'art et l'imposture, avec L'Artiste (2011). Retrouvant des accents de la grande ­comédie italienne de jadis, Citoyen d'honneur bénéficie du talent d'Oscar Martínez (sacré meilleur comédien au Festival de Venise 2016), déjà remarqué dans Les Nouveaux Sauvages. Sauvage, ce film l'est aussi. Point de goudron et de plumes comme au Far West, mais pas loin. Le titre aurait pu être ­« Règlement de comptes à OK Salas ». — Jacques Morice

Comme d'habitude le film d'une grande qualité a été suivi d'un débat animé.